01/01/2016

Star Wars - Episode VII - The Force Awakens ★☆☆☆☆☆☆☆☆☆ 1/10



N'ayons pas peur des mots, The Force Awakens est un mauvais remake du Star Wars original de 1977

« Reste calme, reste calme », comme Finn le dit à Poe dans le film, je me répète ces mots pour ne pas sombrer dans le côté obscur de la critique acerbe et rédigée à chaud. Je me félicite de ne pas avoir succombé à la Star Wars mania durant toute cette année 2015 car la déception aurait été d’autant plus grande. The Force Awakens est tout simplement le Jurassic World de la saga Star Wars, à une chose près : personne n’attendait Jurassic World qui de fait s’en sort mieux que ce nouvel opus de la franchise mythique.

Commençons par les points positifs. S’en est terminé. Pardonnez-moi cette rhétorique provocatrice mais il n’y a pas grand-chose à sauver de ce film à part la scène finale qui aurait gagné à être placée au début plutôt qu’à être utilisée comme un set-up pour un énième volet. N’ayons pas peur des mots, The Force Awakens est un mauvais remake du Star Wars original de 1977. La planète entière est donc entrain d’aller voir un film sorti il y a 38 ans et de le hisser à nouveau en tête du box-office mondial. A la sortie de la salle, le titre « The Force Awakens » apparait d’ailleurs comme n’étant rien d’autre qu’un synonyme de « A New Hope ». Je ne fais pas référence aux (trop) nombreux clins d’œil à la Saga originale (en cela le film donne raison aux critiques dénonçant un Hollywood servant des plats réchauffés, et au micro-onde en plus, incapable de ne créer autre chose que des copies pour perdurer) mais bien au film dans son ensemble.        

Rentrons dans le vif du sujet. Le film de J.J Abrams reprend, à s’y méprendre, l’intrigue du premier volet. Comme dans l’épisode 4 (enfin, le 1 car fait avant mais placé après dans la chronologie - on vous a déjà fait le coup de cette saga « à l’envers -), un droïde aussi innocent qu’attachant se voit remettre de précieuses données destinées à la Résistance. Comme dans l’épisode 4, il est question de retrouver un vieux sage Jedi qui permettra de dénouer la situation. Comme dans l’épisode 4, « l’élue » (bien que celui-ci prenne un « e » désormais, les temps changent et les strong female characters ont le vent en poupe), habite sur une planète désertique où la population lutte pour survivre. Comme dans l’épisode 4, il est question d’une arme de destruction massive capable d’anéantir des planètes entières. Cette Etoile noire XXL est une nouvelle métaphore d’un Hollywood qui joue la surenchère pour perdurer, comme Jurassic World l’avait fait cet été. Ce dernier l’avait fait d’ailleurs plus subtilement et on était même allé à se demander si le réalisateur n’avait pas glissé volontairement une critique du système actuelle des studios. Souvenez-vous de la scène dans laquelle un requin (Les Dents de la Mer de 1976, initiateur de l’ère des blockbusters modernes) était dévoré par un dinosaure aquatique gigantesque (le nouveau blockbuster contemporain, aussi gros que vide). Comme dans l’épisode 4, cette Etoile Noire XXL est détruite à cause d’un problème de canalisation (n’y a-t’il donc pas de plombiers compétents dans l’espace ?).                        
J’entends arriver les fans érudits qui me diront que leur chère saga est pétrie depuis son origine de références mythologiques et légendaires communes à toutes les cultures. Merci, je connais Joseph Campbell. Mais Lucas avait fait de Luke un héros différent du Roi Arthur. De même pour les personnages de la prélogie qui étaient différents de ceux de l’œuvre originale. Que ce nouvel opus reprenne le parti pris des mythes universels est acceptable. En revanche, qu’il ne cherche pas à les transcender comme l’avait fait Lucas (qui n’était pas qu’un simple DJ de la mythologie) est décevant voire condamnable pour un film qui avait l’arrogance d’être présenté par ses créateurs et les fans, déjà conquis avant même la sortie, comme un nouveau départ pour faire oublier « le fourvoiement » de la prélogie 1999-2005.

Seul un réalisateur visionnaire capable de s’émanciper de l’œuvre originale pouvait proposer quelque chose de nouveau alors que le fan ne pouvait que répéter le passé.  

On pourrait me dire que si c’est une copie du 4, cette version 2015 devrait être aussi savoureuse que ce dernier. Malheureusement J.J Abrams n’y parvient pas. Par soucis de fluidité (et de longueur), je n’évoquerai que la séquence dans laquelle les vaisseaux rebelles s’engouffrent dans une tranchée de l’Etoile de Noire XXL. Alors que le film de 1977 avait fait de cette séquence un passage iconique de la Saga, où la Force surpassait la technologie, où le bien affrontait frontalement le Mal, mais surtout en avait fait un enjeu dramatique incroyable (des tentatives échouées, des pilotes tués, des crescendos musicaux envoutants), la séquence est ici coupée avec une autre action ayant lieu au même moment (le combat au sabre laser dans la neige) ce qui en réduit de fait la portée. De plus, il est difficile pour le spectateur de suivre un personnage, le pilote Poe, avec lequel aucun véritable lien émotionnel n’a été créé durant le film. Finalement, le vaisseau explose dans l’indifférence, sans véritable célébration de l’exploit.

Cette séquence faite de deux scènes m’amène naturellement à parler du méchant du film, Kylo Ren. Si ses premières apparitions, évoquant agréablement Dark Vador, pouvaient convaincre, c’est ensuite que le bât blesse. Dès que ce dernier enlève son masque, la figure maléfique du méchant absolu si cher à la saga tombe en éclat. On remarque alors qu’il n’a pas besoin, contrairement à son grand-père, de masque pour survivre. C'est en soit très intéressant du point de vue du développement du personnage : celui-ci ne désire rien d’autre que de devenir aussi puissant et craint que Dark Vador alors qu’à la différence de ce dernier il a dû passer une enfance heureuse, couvée par le couple Solo-Skywalker, faite de siestes dans les bras de Chewbacca et d’entrainement au blasto-laser. Cependant, alors que le maitre Sith dans la saga originale était d’abord un méchant opaque et sans motivation véritable, celui-ci apparait comme un adolescent (en plus d’en avoir l’allure) fragile et capricieux, en pleine crise d’identité (oups, je viens de voir l’Anakin de la prélogie). Kylo Ren ne sera alors plus jamais menaçant durant le film (malgré l’assassinat de son père que l’on sent venir à des années lumières – référence à peine dissimulée à l’épisode 5), pire il se fera même une petite frayeur face à un jeune Stormtrooper dissident et sera battu par une élue Jedi naissante, jamais formée aux armes ! Même un Anakin, même un Luke avaient dû suivre une formation pour arriver à maitriser cette « arme élégante et précise » qu’est le sabre laser.                       

Ce nouveau volet ne saurait donc exister par lui-même. C’est comme si un auteur faisait du chapitre 7 de son livre une redite de son chapitre 4. Résultat, le lecteur fermerait le livre. Le film convoque tous les grands symboles et figures de la saga originale pour les placer souvent au cœur de son intrigue plutôt que de les utiliser pour mieux marquer une césure pour cette nouvelle génération. Parlons-en d’ailleurs : c’est avec un ami n’ayant jamais vu un Star Wars que j’ai découvert le film. Je pense donc aux spectateurs néophytes qui en plus de ne pas profiter du fan service omniprésent, peuvent difficilement embarquer dans cette aventure obscure (sans mauvais jeu de mots) pour les non avertis. En cela, la prélogie, souvent décriée, je n’en parlerai pas, réussissait à proposer des intrigues nouvelles (qu’on les aime ou non c’est un autre sujet) là où ce nouvel opus ne crée rien de nouveau. Le fameux argument du film fait par un fan (J.J Abrams) pour les fans ne tient pas. Seul un réalisateur visionnaire et capable de s’émanciper de l’œuvre originale en conservant une déférence sincère pouvait proposer quelque chose de nouveau alors que le fan ne pouvait que répéter le passé. Définitivement, ce n’est pas toujours dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes.          
               
Note : ☆☆☆☆☆☆☆☆☆ 1/10

Voir la bande annonce du "Star Wars - Episode VII - The Force Awakens"

Star Wars - Episode VII - The Force Awakens
Avec : Daisy Ridley, Adam Driver, John Boyega, Harrison Ford, Mark Hamill, Carrie Fisher
Réalisé par : J.J. Abrams
Produit par : Kathleen Kennedy, J.J Abrams, Bryan Burk
Ecrit par :  Lawrence Kasdan, J.J. Abrams et Michael Arndt
Directeur de la Photographie : Dan Mindel
Montage : Mary Jo Markey, Maryann Brandon
Musique : John Williams
Budget : 200 000 000 de dollars
Genre : Science fiction
Durée : 135 minutes

01/04/2013

Le Monde Fantastique d'Oz (2013) ★★★★☆☆☆☆☆☆ 4/10

Egoïste et à la morale douteuse, Oscar Diggs est le magicien de pacotille d’un cirque ambulant dans le Kansas. Lorsqu’il tente de s’enfuir à bord de son ballon après un nième mauvais tour, il est transporté jusqu’au merveilleux Pays d’Oz. Pour les habitants de ce monde haut en couleurs, la prophétie est vraie : un grand magicien vient les sauver du joug d’une méchante sorcière. Avec ces astuces d’illusionniste et ses tours de passe-passe désuets, Oscar Diggs est peut-plus que l’imposteur qu’il croit être…

Sans titre 1

Les décors outranciers ne parviennent même pas à nous intéresser pendant le déroulement d'une intrigue aussi molle que connue

Alice est passée par là. En 2010, Johnny Depp et Tim Burton donnaient leur propre version du classique de Lewis Caroll qui engrangeait au passage plus d’un milliard de dollars au box-office international. Il n’en fallait pas moins pour qu’Hollywood décide de tirer profit, à l’ère du numérique, de l’héritage littéraire allant des Frères Grimm à Baum en passant par Charles Perrault. Des versions remaniées de Blanche Neige, Hansel et Gretel (et prochainement La Belle au Bois Dormant) ont alors débarqué sur nos écrans. Plus de 70 ans après Le Magicien d’Oz de Victor Flemming, Disney espère lancer une franchise en confiant à Sam Raimi, le réalisateur de la trilogie Spider-Man, les commandes de ce prequel au classique de 1939.

Le premier quart d’heure du film est totalement en noir et blanc. Sam Raimi, le cinéphile s’amuse à filmer ses acteurs dans un cadre en 4 : 3, cet écran complètement carré ayant été la norme pendant les 50 premières années du cinéma. Nous y découvrons un magicien sans aucune morale, tombeur de ces dames, dont les techniques outrancières de séduction ne manqueront pas de nous amuser. Après cette première partie, pleinement réussie, il est temps pour Oscar de rejoindre, bien malgré lui, Oz et d’élargir ses horizons. C’est d’ailleurs ce que fait l’écran lui-même : l’image s’élargit peu à peu et semble ne jamais cesser de grandir. Le noir et blanc laisse la place à un déluge de couleurs et la 3D prend toute son ampleur. Oscar vient d’entrer dans un nouveau monde : celui fantastique d’Oz.



Sam Raimi signe avec le troisième acte du film une véritable lettre d’amour au cinéma, rendant hommage, comme l’avait fait Scorsese avec son Hugo Cabret, aux premiers effets spéciaux, au cinémagique du temps de Méliès

Mais au bout du « conte », il n’y a bien que pour lui que ce monde est nouveau. Les forêts luxuriantes, les créatures étranges, séduisantes ou effrayantes de cet univers ne sont que des variations minimes de ce qui a déjà été fait, si bien qu’aucune des images colorées jusqu’à l’excès ne nous restera en tête après la projection du film. C’est d’autant plus dommage que cet univers aurait pu nous distraire durant une intrigue aussi molle que connue. Dénoncer le manque d’originalité de l’histoire serait vain puisqu’il s’agirait de dénoncer au passage la quasi-totalité des intrigues de blockbusters depuis le Star Wars de 1977. Si de Matrix au Seigneurs des anneaux, en passant par Transformers, il s’agissait toujours d’un « élu » que rien ne prédisposait à mener sa quête, ses vieilles ficelles narratives héritées de la littérature ne cédaient jamais car renforcées par une identité propre ou du moins une efficacité certaine. Comme l’avait fait Burton pour son Alice, Raimi fait de son décor un personnage mais un mauvais personnage.

Les personnages justement ! Seul celui de James Franco, avec tous ses défauts, attise notre sympathie. Les autres Mila Kunis, Michelle Williams et Rachel Weisz interprètent des personnages stéréotypés jusqu’à la moelle et ces dernières ne cherchent pas véritablement à donner une dimension plus grande à leur jeu mono-expressif (voir le sourire niais de Michelle Williams). Au final on s’ennuie beaucoup en regardant Oz.

Le troisième acte du film, à défaut d’être épique, renoue avec ce qui nous plaisait au début du long métrage et c’est ce qui sauve un peu le film. James Franco et deux de ses comparses font preuve d’une inventivité réjouissante pour chasser les méchantes sorcières hors de leurs contrées. Les illusions et les jeux de lumière qui nous apparaissent aujourd’hui comme les plus désuets se révèlent au final puis puissant que les sors dévastateurs des sorcières. Sam Raimi signe ainsi avec cette séquence une véritable lettre d’amour au cinéma, rendant hommage, comme l’avait fait Scorsese avec son Hugo Cabret, aux premiers effets spéciaux, au cinémagique du temps de Méliès.

Note : ★★★★☆☆☆☆☆☆ 4/10

Voir la bande annonce du "Monde Fantastique d'Oz"

Oz The Great and The Powerful
Avec : James Franco, Mila Kunis, Michelle Williams et Rachel Weisz
Réalisé par : Sam Raimi
Produit par : Joe Roth
Ecrit par : Mitchell Kapner et David Lindsay-Abaire, d'après Le Magicien d'Oz de L. Frank Baum
Décors : Todd Cherniawsky
Costumes : Gary Jones
Directeur de la Photographie : Peter Deming
Direction artistique : Robert Stromberg
Montage : Bob Murawski
Musique : Danny Elfman   
Budget : 200 000 000 de dollars
Genre : fantastique
Durée : 130 minutes

10/03/2013

To The Wonder (A la Merveille - 2013) ★★★★★☆☆☆☆☆ 5/10

Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire d’Ukraine, Marina est divorcée et mère d’une fillette de 10 ans, Tatiana. Après avoir connu la passion à la Merveille - le Mont-Saint-Michel - le couple a décidé de s'installer dans le pays de Neil, l'Amérique, dans les vastes espaces de l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée dans cette petite communauté américaine ennuyante où elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation… Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane mais Marina revient finalement et les deux amants tentent de préserver leur couple abimé par leurs personnalités contrastées.



A la Merveille semble parfois n’être que les scènes coupées de The Tree of Life, laissant un arrière-goût de déjà-vu, ne fonctionnant pas à elles seules car au final ce film ne dit rien de vraiment nouveau.

Critiquer un film de Terrence Malick, surtout quand celui-ci se situe dans l’ère post Nouveau Monde, c’est reconnaitre les limites de son propre langage, c’est se confronter à la peur de la page blanche dûe à l’impossibilité d’exprimer ce que l’on a ressenti à la vision des images du réalisateur de La Ligne Rouge. Car même les détracteurs du cinéaste ne peuvent nier que regarder un film de Terrence Malick s’apparente à l’expérience cinématographique par excellence dans la mesure où ses histoires, en particulier depuis The Tree of Life, ne peuvent être racontées autrement qu’au cinéma. Ce n’est pas seulement parce que le cinéma de Malick utilise avec brio les procédés propres au septième art (cadrage, photographie, montage) mais c’est que son cinéma lorgne du côté de l’éthéré, de l’abstrait, et que les mots (les miens en tous cas) ne peuvent traduire.

Parce qu’aller voir un film du réalisateur de La Ballade Sauvage révèle de l’ « expérience » il apparait alors difficile d’en parler de la même façon que les autres films. Pour autant, je ne me déroberai pas à fournir un avis clair sous prétexte qu’il s’agit ici de parler d’un ovni dans le paysage cinématographique d’aujourd’hui que l’on ne sait pas sous quel angle envisager.

Je parlais plus haut de « ressenti », terme que je préfère à « compris » car Malick, bien qu’étant un cinéaste de la réflexion, m’apparait comme un réalisateur plus émotionnel qu’intellectuel. Ce n’est pas une nouvelle parade pour éviter de mettre à plat le propos du film car je trouve véritablement qu’il s’agit plus de savoir sur quoi on a réfléchi plutôt que ce que l’on a compris. Il interroge plus qu’il ne donne de réponses. Il ne verse cependant pas dans un discours vain, sans prise de position car il nous dit tout de même des choses – il évoquait par exemple dans The Tree of Life deux voies pour aborder la vie : celle de la nature et celle de la grâce dont Olga Kurylenko dans A la merveille apparait d’ailleurs comme la parfaite ambassadrice tissant un des nombreux liens entre la Palme d’Or 2011 et ce nouveau film.



Si ses prochains films continuent sur la voie ouverte par The Tree of life, ils devront cependant s’en affranchir et s’affirmer comme uniques et autonomes dans la filmographie du réalisateur texan, sous peine de devenir insignifiants

Visuellement, on reste bouche bée. Le réalisateur des Moissons du Ciel confirme une nouvelle fois son statut de poète visuel. Ses images (et celles du directeur de la photographie Emmanuel Lubezki) transcendent le discours des personnages, créant des métaphores visuels aussi belles que simples à saisir (pour la plupart). A la Merveille reste ainsi aussi hypnotisant de beauté que son prédécesseur.

Mais le principal problème de A la merveille est d’arriver si peu de temps après The Tree Of Life. Cinéaste qui se laissait jusqu’à présent désirer (6 films en quarante ans), Malick met désormais les bouchées doubles : A la merveille a été monté pendant qu’il tournait Knight of Cups (avec Christian Bale et Nathalie Portman) et Lawless (avec Ryan Gosling et Rooney Mara). Si on peut être ravi de cette nouvelle énergie qu’a le cinéaste, on espère qu’elle ne va pas tourner à une vaine course contre la montre pour rattraper « le temps perdu » de son début de carrière l’empêchant de renouveler son propos car A la merveille semble parfois n’être que les scènes coupées de The Tree of Life, laissant un arrière-goût de déjà-vu, ne fonctionnant pas à elles seules parce qu'au final ce film ne dit rien de vraiment nouveau.

Pourtant, le début du film laissait présager une possibilité pour ce cinéaste profondément américain de se renouveler. En effet, c’est d’abord une voix française que l’on entend (et que l’on entendra le plus dans le film), c’est à Paris puis au Mont Saint Michel que nous entamons notre voyage. L’espace géographique est différent que dans les autres films de Malick mais le réalisateur revient rapidement sur le sol étatsuniens, peut-être aussi mal à l’aise que Ben Affleck dans cette vieille France. De plus, le thème en lui-même pouvait suggérer un film pleinement nouveau. A la Merveille parle d’amour. Si cette thématique est récurrente au cinéaste (« Sans amour la vie passe en un éclair » prévenait déjà Jessica Chastain dans The Tree of Life), il était question avec ce film de mener une réflexion profonde et complète mais celle-ci ne nous convainc pas, pire elle ne nous transporte pas.

A la Merveille reste cependant aussi hypnotisant de beauté que son prédécesseur

Ce thème est pourtant aussi universel que le complexe œdipien présent dans The Tree of life mais ici la sauce ne prend pas. C’est peut-être dû à des personnages figés sur la pellicule. La virtuosité de la mise en scène ne permet de masquer qu’en partie des personnages sans réelle épaisseur. Javier Bardem semble un peu perdu dans son rôle de prêtre, sûrement passé à la trappe dans la salle de montage. Son personnage a néanmoins le mérite d’évoquer le questionnement de la foi ainsi que les conséquences d’un tel dévouement pour quelque chose qui restera à jamais incertain. Mais le véritable fantôme du film est le personnage de Rachel MacAdams, son aventure avec Ben Affleck aurait pu venir complexifier ses sentiments envers celui d’Olga Kurylenko mais il n’en est rien et la jolie blonde reste aussi insignifiante qu’une aventure d’un soir.

Après avoir atteint le sommet de l’Everest cinématographique avec The Tree of Life, Malick tourne un film pendant son voyage de retour, encore hanté par les magnifiques images qui lui avaient value les honneurs cannois en 2011. Le spectre de son dernier film plane donc sur ce nouveau long-métrage ce qui est assez pour nous intéresser l’espace d’une heure quarante car Terrence Malick reste le seul cinéaste à l’heure actuelle à jouer dans cette catégorie de cinéma pure, cherchant une nouvelle façon de dire et de raconter, autre que celle des sacro-saints 3 actes (exposition, nœud, dénouements). Si ses prochains films continuent sur la voie ouverte par The Tree of life (narration, images), ils devront cependant s’en affranchir et s’affirmer comme uniques et autonomes dans la filmographie du réalisateur texan, sous peine de devenir insignifiants, ce que l’on peut parfois reprocher à A la Merveille.

Voir la bande annonce de "A la Merveille"

To The Wonder (A La Merveille)

Ecrit et réalise par : Terrence Malick
Avec : Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams
Directeur de la Photographie : Emmanuel Lubezki

23/02/2013

Die Hard : Belle Journée Pour Mourir (2013) ★★★★☆☆☆☆☆☆ 4.5/10

« Les papis de l’action », voilà comment certains les ont baptisés à la sortie de The Expendables dont le troisième volet est désormais sur les rails. Ce début d’année 2013 a pour caractéristique de nous offrir le retour des plus grandes figures du cinéma américain des années 80 dans leur genre de prédilection : le film d’action. En janvier, Arnold Schwarzenegger a repris du service après plusieurs années à gérer la paperasse derrière son large bureau de Californie. Bientôt Sylvester Stalone reviendra avec du plomb dans la cervelle mais depuis mercredi, c’est à Bruce Willis de dynamiter encore plus les vestiges du cinéma couillu des années Reagan.


Les anciens volets de la franchise se caractérisaient par leur capacité à jouer et à tirer profit de leur environnement (l’immeuble dans le premier, l’aéroport dans le second, et tout New York dans le troisième) ; ici, l’intrigue nous mène à une pauvre usine de Tchernobyl désaffectée, toute en numérique !

John MacClane en a vu de belles ! Des terroristes à la petite semaine à ceux organisés de l’Europe de l’Est en passant par ceux de l’ère numérique, MacClane les a tous renvoyés chez eux, les pieds devant. Avec ce nouveau volet, l’inspecteur MacClane s’offre un ticket pour la Russie afin de retrouver son fils auquel il n’a pas parlé depuis un bon nombre d’années. Il apprend que ce dernier est un agent de la CIA hautement qualifié qui doit empêcher un vol d'armes nucléaires. Ils doivent affronter la mafia russe ensemble et faire face à un ennemi sur le point de déclencher une guerre. Une Belle Journée Pour Mourir en perspective donc.

Envoyer MacClane à l’étranger, voilà une bonne idée pour redynamiser une franchise vieille de près de 30 ans. Un père et son fils en mal de communication, un héritier aussi couillu que son paternel mais aux méthodes encore trop by the book et de grands méchants russes, autant de composants d’une vodka potentiellement explosive (ça plaira à Willis l’actionnaire). Mais si MacClane a de la bouteille, peut-être trop finalement, c’est presque avec la même gueule de bois que le Bruce d'Une Journée en Enfer que le spectateur pourrait sortir de la salle. Si le scénariste nous envoie à Moscou, c’est avec toute l’imagerie « nanarde » des séries B période guerre froide dans nos bagages. Uranium, armes de destruction massive : Mother Russia dans toute la splendeur que lui confère le cinéma d’action américain. Bienvenue à la fête camarade ! A croire que le scénariste à l’instar de son héros lors de sa visite de la capitale Russe, a utilisé le guide du scénario pour idiot. Dans leur nouvelle aventure, MacClane père et fils se rendront jusqu’à Tchernobyl sans soucier de se parer de la tenue, pas très badass il est vrai, qui leur permettrait d’envisager sereinement et en pleine forme leurs prochaines aventures.


 Les effets numériques sont ultra-présents dans ce nouveau film et on regrette (et on fait bien) les effets spéciaux d’antan, le sang qui tache et le verre qui coupe !
Les grossièretés sont légions dans ce nouvel épisode qui pâtit, comme le précédent, d’un méchant pas très méchant finalement, contrairement à ceux que les anciens épisodes avaient su offrir. Désormais la mode chez les bad guys est à l’excentricité (Le Joker de The Dark Knight ou plus récemment le némesis de 007 dans Skyfall). Pour le coup, le méchant, qui n’est en fait qu’un simple homme de main d’un autre grand méchant russe, confie ses anciennes aspirations de danseur face à deux MacClane un moment sous son joug, le tout en croquant dans une carotte ! Mais il y a un (piètre) double jeu d’un autre personnage qui se révèle ensuite être le véritable homme à abattre (n’oubliez surtout pas sa fille !)
Les anciens volets de la franchise se caractérisaient par leur capacité à jouer et à tirer profit de leur environnement (l’immeuble dans le premier, l’aéroport dans le second, et tout New York dans le troisième) ; ici, après une poursuite explosive dans Moscou, l’intrigue nous mène à une pauvre usine de Tchernobyl désaffectée, toute en numérique !

Ce cinquième volet démontre une nouvelle fois que la technologie n’est vraiment pas le truc de MacClane. Après s’être échiné à resister aux avancées technologiques dans les deux premiers épisodes (son aversion et sa méconnaissance des nouvelles techniques de communication en général), le quatrième volet plaçait ce joueur analogique dans un monde tout numérique et le film adoptait au passage les (mauvaises) manies de la réalisation contemporaine des films d’actions et c’est toujours le cas dans ce Die Hard : A Good Day To Die Hard. La caméra tremble sans arrêt et ce le plus près possible des personnages, le montage est épileptique, à croire que désormais la tension ne peut passer que par un camera-man atteint de Parkinson ! Les effets numériques sont ultra-présents dans ce nouveau film et on regrette (et on fait bien) les effets spéciaux d’antan, le sang qui tache et le verre qui coupe !
Les grossièretés sont légions dans ce nouvel épisode qui pâtit, comme le précédent, d’un méchant pas très méchant finalement, contrairement à ceux que les anciens épisodes avaient su offrir

Abordons les points positifs tout de même ! Le duo Bruce Willis – Jai Courtney fonctionne plutôt bien quand papa prend les devants. Le rôle de J’en-ai-vu-d’autres-mon-petit va à ravir à un Bruce quelque peu vieillissant. Quelques punchlines font mouche, d’autres tombent à l’eau (« Putain, je suis en vacances ! » ). La scène finale sous un soleil couchant au ralenti, bien trop emphatique pour fonctionner, achève le film sur une énième note négative. Pour autant, si le prochain volet se fait, j’irai le voir, toujours amateur de cette figure sympatoche et cool qu’est John MacClane.

Bruce Willis n’était pas opposé à un 6ème opus. Sa qualité scellera la saga Die Hard (3 bons / 3 très moyens ?) et des conditions seront à respecter : utiliser un pied pour la caméra et rappeler McTiernan (et les anciens scénaristes.


22/02/2013

Gangster Squad (2013) ★★★★★☆☆☆☆☆ 5/10

À Los Angeles, en 1949, le parrain Mickey Cohen règne en maitre sur toute la ville et la mafia. Alors qu’il contrôle déjà le trafic de drogue, des armes et des prostituées, il tente de diriger tous les paris de Los Angeles jusqu’à l’ouest de Chicago. Pour cela, il peut compter sur l’aide de ses nombreux hommes de main, mais également sur celle de la police et des hommes politiques corrompus. Seule une brigade officieuse du LAPD, dirigée par John O’Mara et Jerry Wooters, va tenter de détruire l’empire de Cohen…
 

Le film nous donne l’impression qu’Hollywood ne sait plus faire ce type de films, les années Truman lui semblant désormais trop lointaines pour livrer un film d’époque convaincant

Dans l’imaginaire hollywoodien certains mots vont par paire. Ainsi, au cinéma il est impossible de prononcer le mot gangster sans qu’il ne soit suivi de Warner. Le studio reste un des seuls, avec peut-être la MGM et ses musicals, à avoir dans les mémoires des spectateurs le monopole sur un genre précis. Si d’autres majors ont apporté leurs contributions au film de gangster qui est avec le western le genre le plus hollywoodien (Universal avec ces deux Scarface et Casino, Paramount avec ses Parrains et ses Incorruptibles), la Warner fût la première à lui donner ses lettres de noblesses avec des films comme L’Ennemi Public Numéro 1, Le Petit César ou encore les Fantastiques années 20. Par la suite, le studio restera cohérent avec son image de fabrique de films de gangsters héritée de l’âge d’or hollywoodien en ajoutant à son mythique catalogue des titres comme Bonny and Clyde, Mean Streets, Once Upon A Time In America, Les Affranchis, Heat ou encore les Infiltrés.

Apprendre la mise en chantier d’un film comme Gangster Squad par la Warner avait de quoi nous enthousiasmer, d’autant plus qu’une pléiade d’acteurs cinq étoiles était de l’aventure avec l’ambition de venir ajouter Gangster Squad au Panthéon des films de gangsters. Le Los Angeles des années 40 et ses trench coats, voilà un décor parfait pour renouer avec les classiques d’antan et c’est bien ce que la magnifique affiche du film semblait nous promettre.

Mais une fois la première bobine (!) amorcée le film nous donne l’impression qu’Hollywood ne sait plus faire ce type de films, les années Truman lui semblant désormais trop lointaines et incompréhensibles pour livrer un film d’époque convaincant. Les costumes, les décors et les sulfateuses sont bien là mais l’esthétique « glam » et ses couleurs chaudes ainsi que les ralentis extravagants du réalisateur Ruben Fleischer confinent le film au simple rang d’objet stylisé. Ces choix tape-à-l’œil, s’ils amusent pendant une partie du film, empêchent l’émergence d’un véritable intérêt du spectateur pour les personnages. On ne se fait pas tant de soucis que ça pour eux et on sait parfois à l’avance, par le recours à des ficelles scénaristiques éculées, que certains ne finiront pas l’aventure.



Les costumes, les décors et les sulfateuses sont bien là mais l’esthétique « glam » et les ralentis extravagants du réalisateur confinent le film au simple rang d’objet stylisé

A l’instar de la figure du cowboy ou du boxeur, jouer un gangster est souvent l’occasion pour un acteur de se mesurer aux géants qui l’ont précédé. A l’origine, il y avait James Cagney. Son sourire carnassier et son regard diabolique l’ont sacré comme la figure phare du genre. Joe Pesci (Les Affranchis, Casino) et Al Pacino (Scarface) se sont imposés comme dignes héritiers de l’acteur c’est face à eux que Sean Penn a dû se mesurer pour composer son personnage. Mais sa prestation pâtit d’un maquillage outrancier qui renvoie plus au Pacino de Dick Tracy qu’à celui de Scarface. Son look de personnage de comic book accentue davantage la sensation de cabotinage auquel se prête l’acteur, pourtant inhérente à ce type de prestation, ce qui pourra rebuter certains.
Sinon, l’intègre Josh Brolin parvient plutôt bien à emmener sa brigade comptant dans ses rangs un Ryan Gosling qui ne manquera pas de faire chavirer une nouvelle fois le cœur des dames.
Du côté de la gente féminine justement, Emma Stone prête ses traits à une femme fatale rousse qui n’a pas la saveur d’une Rita Hayworth, critique à imputer plus à un personnage sans trop d’épaisseur qu’à sa prestation en elle-même.

En réponse aux bandes annonces postées sur le web on pouvait lire des commentaires qui pointaient une nouvelle fois du doigt « le manque d’inspiration d’Hollywood » en dénonçant le film comme une version 2013 des Incorruptibles qui à défaut de nous surprendre aurait été synonyme d’un excellent film de genre mais ce n’est malheureusement même pas le cas. Malgré les effets de manches du réalisateur qui nous tire dessus à grands coups de ralentis, on peine à garder tête une image marquante de ce film qu’on voulait pourtant aimer.