22/02/2013

Gangster Squad (2013) ★★★★★☆☆☆☆☆ 5/10

À Los Angeles, en 1949, le parrain Mickey Cohen règne en maitre sur toute la ville et la mafia. Alors qu’il contrôle déjà le trafic de drogue, des armes et des prostituées, il tente de diriger tous les paris de Los Angeles jusqu’à l’ouest de Chicago. Pour cela, il peut compter sur l’aide de ses nombreux hommes de main, mais également sur celle de la police et des hommes politiques corrompus. Seule une brigade officieuse du LAPD, dirigée par John O’Mara et Jerry Wooters, va tenter de détruire l’empire de Cohen…
 

Le film nous donne l’impression qu’Hollywood ne sait plus faire ce type de films, les années Truman lui semblant désormais trop lointaines pour livrer un film d’époque convaincant

Dans l’imaginaire hollywoodien certains mots vont par paire. Ainsi, au cinéma il est impossible de prononcer le mot gangster sans qu’il ne soit suivi de Warner. Le studio reste un des seuls, avec peut-être la MGM et ses musicals, à avoir dans les mémoires des spectateurs le monopole sur un genre précis. Si d’autres majors ont apporté leurs contributions au film de gangster qui est avec le western le genre le plus hollywoodien (Universal avec ces deux Scarface et Casino, Paramount avec ses Parrains et ses Incorruptibles), la Warner fût la première à lui donner ses lettres de noblesses avec des films comme L’Ennemi Public Numéro 1, Le Petit César ou encore les Fantastiques années 20. Par la suite, le studio restera cohérent avec son image de fabrique de films de gangsters héritée de l’âge d’or hollywoodien en ajoutant à son mythique catalogue des titres comme Bonny and Clyde, Mean Streets, Once Upon A Time In America, Les Affranchis, Heat ou encore les Infiltrés.

Apprendre la mise en chantier d’un film comme Gangster Squad par la Warner avait de quoi nous enthousiasmer, d’autant plus qu’une pléiade d’acteurs cinq étoiles était de l’aventure avec l’ambition de venir ajouter Gangster Squad au Panthéon des films de gangsters. Le Los Angeles des années 40 et ses trench coats, voilà un décor parfait pour renouer avec les classiques d’antan et c’est bien ce que la magnifique affiche du film semblait nous promettre.

Mais une fois la première bobine (!) amorcée le film nous donne l’impression qu’Hollywood ne sait plus faire ce type de films, les années Truman lui semblant désormais trop lointaines et incompréhensibles pour livrer un film d’époque convaincant. Les costumes, les décors et les sulfateuses sont bien là mais l’esthétique « glam » et ses couleurs chaudes ainsi que les ralentis extravagants du réalisateur Ruben Fleischer confinent le film au simple rang d’objet stylisé. Ces choix tape-à-l’œil, s’ils amusent pendant une partie du film, empêchent l’émergence d’un véritable intérêt du spectateur pour les personnages. On ne se fait pas tant de soucis que ça pour eux et on sait parfois à l’avance, par le recours à des ficelles scénaristiques éculées, que certains ne finiront pas l’aventure.



Les costumes, les décors et les sulfateuses sont bien là mais l’esthétique « glam » et les ralentis extravagants du réalisateur confinent le film au simple rang d’objet stylisé

A l’instar de la figure du cowboy ou du boxeur, jouer un gangster est souvent l’occasion pour un acteur de se mesurer aux géants qui l’ont précédé. A l’origine, il y avait James Cagney. Son sourire carnassier et son regard diabolique l’ont sacré comme la figure phare du genre. Joe Pesci (Les Affranchis, Casino) et Al Pacino (Scarface) se sont imposés comme dignes héritiers de l’acteur c’est face à eux que Sean Penn a dû se mesurer pour composer son personnage. Mais sa prestation pâtit d’un maquillage outrancier qui renvoie plus au Pacino de Dick Tracy qu’à celui de Scarface. Son look de personnage de comic book accentue davantage la sensation de cabotinage auquel se prête l’acteur, pourtant inhérente à ce type de prestation, ce qui pourra rebuter certains.
Sinon, l’intègre Josh Brolin parvient plutôt bien à emmener sa brigade comptant dans ses rangs un Ryan Gosling qui ne manquera pas de faire chavirer une nouvelle fois le cœur des dames.
Du côté de la gente féminine justement, Emma Stone prête ses traits à une femme fatale rousse qui n’a pas la saveur d’une Rita Hayworth, critique à imputer plus à un personnage sans trop d’épaisseur qu’à sa prestation en elle-même.

En réponse aux bandes annonces postées sur le web on pouvait lire des commentaires qui pointaient une nouvelle fois du doigt « le manque d’inspiration d’Hollywood » en dénonçant le film comme une version 2013 des Incorruptibles qui à défaut de nous surprendre aurait été synonyme d’un excellent film de genre mais ce n’est malheureusement même pas le cas. Malgré les effets de manches du réalisateur qui nous tire dessus à grands coups de ralentis, on peine à garder tête une image marquante de ce film qu’on voulait pourtant aimer.

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