Deux
années après El Mariachi, Robert Rodriguez poursuit sa saga du
musicien à l’étui à guitare débordant de gros calibres et nous
livre un opus explosif et inventif.
Au nord du Mexique, un guitariste à la gachette facile et à l'étui à guitare bien particulier, parcourt le pays pour venger sa bien-aimée, abattue par un puissant trafiquant de drogue. Sa route est jonchée des cadavres de ceux qui ont tenté de l'arrêter ou n'ont pas répondu à ses questions.
Avec Desperado,
Robert Rodriguez ajoute une nouvelle figure dans la culture populaire
latine contemporaine : celle singulière d’un musicien jouant
ses partitions à coups de canons sciés.
Les
choses ont changé pour Rodriguez depuis 1992, année où il changea
la donne dans le cinéma indépendant avec El Mariachi qui
donna ses lettres de noblesses au système D. Il dispose pour cette
nouvelle aventure d’un budget de 7 millions de dollars, soit 1000
fois plus élevé que pour le film précédent mais ne représentant
qu’à peine le quart des budgets de films d’actions de l’époque.
Robert Rodriguez sait que c’est en recourant à l’inventivité
plutôt qu’au portefeuille qu’il conservera sa liberté. Mais
pas question pour autant de lésiner sur le spectacle. Avec Desperado, Robert Rodriguez ajoute une nouvelle figure dans la culture populaire latine contemporaine : celle singulière d’un musicien jouant ses partitions à coups de canons sciés.
Desperado
est l’occasion pour le mariachi de changer de visage. Robert
Rodriguez démarche l’acteur espagnol Antonio Banderas pour prêter
ses traits au personnage, précédemment interprété par son ami
Carlos qui vient tout de même prêter main forte au musicien à
l’étui explosif lors d’une scène déjantée. L’acteur
ibérique passe de l’univers d’Almodovar au sol aride mexicain
avec une aisance parfaite. Son charme ravageur est tout de suite
repéré par Hollywood, qui lui offrira deux ans plus tard un autre
rôle de vigilante, celui du légendaire justicier latino masqué
dans le Masque de Zorro.
Dans
son univers déjanté, les coups d’un fusil à double canon
propulsent les bad guys à 15 pieds de haut et les armes à feu sont
calquées sur les parties génitales masculines.
Légendaire,
son mariachi est sur le point de le devenir aussi. Dès la scène
d’ouverture, Robert Rodriguez est bien décidé à sortir
l’artillerie lourde sans pour autant se prendre au sérieux. Dans
cette dernière, le personnage de Steve Buscemi (Le Mr Pink de
Reservoir Dogs parti se réfugier au Mexique ?) associé
au vigilante latino lui taille la réputation du plus grand (et
dangereux) mexicain ayant jamais existé (Machete est encore inconnu
à l’époque). Le réalisateur s’amuse dès la première minute,
et nous avec.
Desperado est l’occasion pour Robert
Rodriguez de dévoiler son univers latino barré aux yeux du monde ;
un univers où les acteurs latinos ont la part belle : le
réalisateur n’offre pas qu’un aller simple à Antonio Banderas
pour Hollywood mais révèle aussi Salma Hayek (Bandidas), que l’on
reverra d’ailleurs dans Une Nuit en Enfer et permettra à
Danny Trejo de jouer les bad guys à la mecque du cinéma avant de
décrocher son premier rôle à 60 ans dans Machete du même
Rodriguez.
Dans son univers déjanté, les coups d’un
fusil à double canon propulsent les bad guys à 15 pieds de haut,
les armes à feu sont calquées sur les parties génitales masculines
et les riffs de guitares rythment les péripéties des personnages
sous un soleil de plomb. Le monde de Rodriguez se présente comme un
cousin de celui de Tarantino, le réalisateur offrant d’ailleurs
à ce dernier un petit rôle hilarant annonçant leurs collaborations à venir.
Desperado avec sa mise en scène maîtrisée et
efficace réjouira les amateurs de films fun et déjantés.
Mais si ce film explosif et gorgé d’humour fonctionne, c’est
avant tout grâce à l’inventivité et l’identité de son
réalisateur qui lui donne son aspect singulier, se démarquant ainsi
d’un film d’action classique. On regrettera juste l’absence
d’un grand final à imputer au manque de moyens dont disposait
Rodriguez.
Si
ce film explosif gorgé d’humour fonctionne, c’est avant tout
grâce à l’inventivité et l’identité de son réalisateur qui
lui donne son aspect singulier, se démarquant ainsi d’un film
d’action classique.
Sa mission
achevée, le vigilante mexicain quitte la ville son étui à la main
mais est rattrapé par Carolina au volant de son 4x4. Avant de
grimper dans le véhicule, le mariachi abandonne un moment sa guitare
sur le bord de la route avant de faire demi-tour pour la récupérer
car, tout comme Carolina, Rodriguez sait que ce personnage-là, il ne
faut pas le laisser filer…
Note : ★★★★★★★☆☆☆
7/10
Bande annonce "Desperado"
Desperado (1995)
Ecrit, Produit et Réalisé par : Robert
Rodriguez
Produit par : Elizabeth Avellan
Avec :
Antonio Banderas, Salma Hayek, Steve Buscemi, Cheech Marin et Quentin
Tarantino.
Durée : 1h40
Budget :
7 000 000 $
Box Office (USA) : 25 405 445 $
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