01/01/2016

Star Wars - Episode VII - The Force Awakens ★☆☆☆☆☆☆☆☆☆ 1/10



N'ayons pas peur des mots, The Force Awakens est un mauvais remake du Star Wars original de 1977

« Reste calme, reste calme », comme Finn le dit à Poe dans le film, je me répète ces mots pour ne pas sombrer dans le côté obscur de la critique acerbe et rédigée à chaud. Je me félicite de ne pas avoir succombé à la Star Wars mania durant toute cette année 2015 car la déception aurait été d’autant plus grande. The Force Awakens est tout simplement le Jurassic World de la saga Star Wars, à une chose près : personne n’attendait Jurassic World qui de fait s’en sort mieux que ce nouvel opus de la franchise mythique.

Commençons par les points positifs. S’en est terminé. Pardonnez-moi cette rhétorique provocatrice mais il n’y a pas grand-chose à sauver de ce film à part la scène finale qui aurait gagné à être placée au début plutôt qu’à être utilisée comme un set-up pour un énième volet. N’ayons pas peur des mots, The Force Awakens est un mauvais remake du Star Wars original de 1977. La planète entière est donc entrain d’aller voir un film sorti il y a 38 ans et de le hisser à nouveau en tête du box-office mondial. A la sortie de la salle, le titre « The Force Awakens » apparait d’ailleurs comme n’étant rien d’autre qu’un synonyme de « A New Hope ». Je ne fais pas référence aux (trop) nombreux clins d’œil à la Saga originale (en cela le film donne raison aux critiques dénonçant un Hollywood servant des plats réchauffés, et au micro-onde en plus, incapable de ne créer autre chose que des copies pour perdurer) mais bien au film dans son ensemble.        

Rentrons dans le vif du sujet. Le film de J.J Abrams reprend, à s’y méprendre, l’intrigue du premier volet. Comme dans l’épisode 4 (enfin, le 1 car fait avant mais placé après dans la chronologie - on vous a déjà fait le coup de cette saga « à l’envers -), un droïde aussi innocent qu’attachant se voit remettre de précieuses données destinées à la Résistance. Comme dans l’épisode 4, il est question de retrouver un vieux sage Jedi qui permettra de dénouer la situation. Comme dans l’épisode 4, « l’élue » (bien que celui-ci prenne un « e » désormais, les temps changent et les strong female characters ont le vent en poupe), habite sur une planète désertique où la population lutte pour survivre. Comme dans l’épisode 4, il est question d’une arme de destruction massive capable d’anéantir des planètes entières. Cette Etoile noire XXL est une nouvelle métaphore d’un Hollywood qui joue la surenchère pour perdurer, comme Jurassic World l’avait fait cet été. Ce dernier l’avait fait d’ailleurs plus subtilement et on était même allé à se demander si le réalisateur n’avait pas glissé volontairement une critique du système actuelle des studios. Souvenez-vous de la scène dans laquelle un requin (Les Dents de la Mer de 1976, initiateur de l’ère des blockbusters modernes) était dévoré par un dinosaure aquatique gigantesque (le nouveau blockbuster contemporain, aussi gros que vide). Comme dans l’épisode 4, cette Etoile Noire XXL est détruite à cause d’un problème de canalisation (n’y a-t’il donc pas de plombiers compétents dans l’espace ?).                        
J’entends arriver les fans érudits qui me diront que leur chère saga est pétrie depuis son origine de références mythologiques et légendaires communes à toutes les cultures. Merci, je connais Joseph Campbell. Mais Lucas avait fait de Luke un héros différent du Roi Arthur. De même pour les personnages de la prélogie qui étaient différents de ceux de l’œuvre originale. Que ce nouvel opus reprenne le parti pris des mythes universels est acceptable. En revanche, qu’il ne cherche pas à les transcender comme l’avait fait Lucas (qui n’était pas qu’un simple DJ de la mythologie) est décevant voire condamnable pour un film qui avait l’arrogance d’être présenté par ses créateurs et les fans, déjà conquis avant même la sortie, comme un nouveau départ pour faire oublier « le fourvoiement » de la prélogie 1999-2005.

Seul un réalisateur visionnaire capable de s’émanciper de l’œuvre originale pouvait proposer quelque chose de nouveau alors que le fan ne pouvait que répéter le passé.  

On pourrait me dire que si c’est une copie du 4, cette version 2015 devrait être aussi savoureuse que ce dernier. Malheureusement J.J Abrams n’y parvient pas. Par soucis de fluidité (et de longueur), je n’évoquerai que la séquence dans laquelle les vaisseaux rebelles s’engouffrent dans une tranchée de l’Etoile de Noire XXL. Alors que le film de 1977 avait fait de cette séquence un passage iconique de la Saga, où la Force surpassait la technologie, où le bien affrontait frontalement le Mal, mais surtout en avait fait un enjeu dramatique incroyable (des tentatives échouées, des pilotes tués, des crescendos musicaux envoutants), la séquence est ici coupée avec une autre action ayant lieu au même moment (le combat au sabre laser dans la neige) ce qui en réduit de fait la portée. De plus, il est difficile pour le spectateur de suivre un personnage, le pilote Poe, avec lequel aucun véritable lien émotionnel n’a été créé durant le film. Finalement, le vaisseau explose dans l’indifférence, sans véritable célébration de l’exploit.

Cette séquence faite de deux scènes m’amène naturellement à parler du méchant du film, Kylo Ren. Si ses premières apparitions, évoquant agréablement Dark Vador, pouvaient convaincre, c’est ensuite que le bât blesse. Dès que ce dernier enlève son masque, la figure maléfique du méchant absolu si cher à la saga tombe en éclat. On remarque alors qu’il n’a pas besoin, contrairement à son grand-père, de masque pour survivre. C'est en soit très intéressant du point de vue du développement du personnage : celui-ci ne désire rien d’autre que de devenir aussi puissant et craint que Dark Vador alors qu’à la différence de ce dernier il a dû passer une enfance heureuse, couvée par le couple Solo-Skywalker, faite de siestes dans les bras de Chewbacca et d’entrainement au blasto-laser. Cependant, alors que le maitre Sith dans la saga originale était d’abord un méchant opaque et sans motivation véritable, celui-ci apparait comme un adolescent (en plus d’en avoir l’allure) fragile et capricieux, en pleine crise d’identité (oups, je viens de voir l’Anakin de la prélogie). Kylo Ren ne sera alors plus jamais menaçant durant le film (malgré l’assassinat de son père que l’on sent venir à des années lumières – référence à peine dissimulée à l’épisode 5), pire il se fera même une petite frayeur face à un jeune Stormtrooper dissident et sera battu par une élue Jedi naissante, jamais formée aux armes ! Même un Anakin, même un Luke avaient dû suivre une formation pour arriver à maitriser cette « arme élégante et précise » qu’est le sabre laser.                       

Ce nouveau volet ne saurait donc exister par lui-même. C’est comme si un auteur faisait du chapitre 7 de son livre une redite de son chapitre 4. Résultat, le lecteur fermerait le livre. Le film convoque tous les grands symboles et figures de la saga originale pour les placer souvent au cœur de son intrigue plutôt que de les utiliser pour mieux marquer une césure pour cette nouvelle génération. Parlons-en d’ailleurs : c’est avec un ami n’ayant jamais vu un Star Wars que j’ai découvert le film. Je pense donc aux spectateurs néophytes qui en plus de ne pas profiter du fan service omniprésent, peuvent difficilement embarquer dans cette aventure obscure (sans mauvais jeu de mots) pour les non avertis. En cela, la prélogie, souvent décriée, je n’en parlerai pas, réussissait à proposer des intrigues nouvelles (qu’on les aime ou non c’est un autre sujet) là où ce nouvel opus ne crée rien de nouveau. Le fameux argument du film fait par un fan (J.J Abrams) pour les fans ne tient pas. Seul un réalisateur visionnaire et capable de s’émanciper de l’œuvre originale en conservant une déférence sincère pouvait proposer quelque chose de nouveau alors que le fan ne pouvait que répéter le passé. Définitivement, ce n’est pas toujours dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes.          
               
Note : ☆☆☆☆☆☆☆☆☆ 1/10

Voir la bande annonce du "Star Wars - Episode VII - The Force Awakens"

Star Wars - Episode VII - The Force Awakens
Avec : Daisy Ridley, Adam Driver, John Boyega, Harrison Ford, Mark Hamill, Carrie Fisher
Réalisé par : J.J. Abrams
Produit par : Kathleen Kennedy, J.J Abrams, Bryan Burk
Ecrit par :  Lawrence Kasdan, J.J. Abrams et Michael Arndt
Directeur de la Photographie : Dan Mindel
Montage : Mary Jo Markey, Maryann Brandon
Musique : John Williams
Budget : 200 000 000 de dollars
Genre : Science fiction
Durée : 135 minutes