16/10/2012

God Bless America - "Kill'em all" - ★★★★★★★☆☆☆ 7/10

God Bless America est un véritable défouloir où deux personnages éliminent sans vergogne des parasites d’une société désarmante de bêtise : la nôtre ! Un massacre pas si arbitraire que ça !

Frank semble être maudit. Divorcé, vivant dans une maison minuscule, il apprend le même jour qu'il est licencié et atteint d'un cancer au cerveau. Mais la tumeur n'est pas soignable. N'ayant plus rien à perdre et lassé du spectacle désolant que lui offre sa télévision chaque jour, il prend les armes pour nettoyer les traces quotidiennes de la décadence américaine. Il abat alors les personnes viles et stupides qu'il rencontre. Il est rejoint par Roxy, une lycéenne révoltée. C’est le début d’une équipée sauvage, sanglante et grand guignolesque sur les routes de la bêtise made in USA.



S'efforcer d'y voir une apologie du vigilantisme serait ridicule, God Bless America reste un véritable objet de cinéma, pétri de références affichées aux films de "barjos".
Inutile de crier au blasphème ou de s'efforcer d'y voir une apologie de la violence ou du vigilantisme. En aucun cas le réalisateur Bob Goldthwait ne veut voir ses spectateurs prendre les armes pour repeindre le monde en rouge. A défaut de voir éclater une révolution culturelle, ce que God Bless America encourage sûrement, le film incite à une sérieuse remise en question des icônes de notre époque. Détail amusant que ce film de révoltés soit distribué en salles par une société, Potemkine Films, ayant pris pour nom un classique du cinéma révolutionnaire bolchévique.

Les médias sont la cible majeure de ce brûlot dans lequel est dénoncé leur manque de tout respect pour les individus et leurs idées parfois douteuses (le présentateur, maitre de son émission, impose son point de vue), exploitant les limitations de certains individus (le candidat d’American Superstar) quand ils ne véhiculent pas une conception infâme de la vie (l’émission de télé-réalité sur la gamine pourrie gâtée).  Polluant les ondes de bêtise, les acteurs du petit écran sont donc légion sur la death list de Frank et Roxy. Le public aussi n'est pas épargné et Frank rêve de le punir pour répondre présent, avec toujours plus d'enthousiasme, aux rendez-vous désolant des chaines. Il n’y a pas qu’eux ! Beaucoup en prennent pour leur compte : des intégristes religieux au public bruyant et irrespectueux au cinéma. Tuez les tous !
En donnant naissance à un défouloir jouissif auquel le spectateur est ravi de prendre part, God Bless America rend son rôle cathartique au cinéma.
Si le réalisateur Bob Goldthwait souhaite un changement, aussi radical que nécessaire, il n'encourage pas pour autant un nouvel Aurora, tant son film ne semble pas vouloir nous enseigner l'art du massacre à la sauvette : les incohérences scénaristiques mettraient hors d'état de nuire nos personnages dès les premières vingt-minutes. Car après tout, God Bless America reste un véritable objet de cinéma, pétri de références affichées aux films de "barjos". Joël Murray rencontre un vendeur d'armes clandestin dans une chambre miteuse à la manière de Robert De Niro dans Taxi Driver dont l'armurier du dimanche reprend certaines lignes de dialogues quand il ne cite pas le Samuel L. Jackson de Jackie Brown.

A l'instar de sa carabine, Joël Murray porte le film à bout de bras, la mine aussi perdue que son frère Bill. Maladroit et touchant il est le cœur émotionnel du film et aura peu de mal à nous faire embarquer dans sa chevauchée sanglante. Le malaise de son personnage en phase terminale, allégorie parfaite d'une société sur le déclin, perd cependant de sa force quand il est exposé de manière trop explicite dans des discours parfois un peu lourds, comme si le réalisateur sentait le besoin d'en rajouter une couche, semblant douter de l'efficacité, pourtant réelle, des seules situations de son film.
Dans God Bless America, gore et absurdité sont parfaitement dosés donnant naissance à un défouloir jouissif auquel le spectateur est ravi de prendre part. Ainsi, le film rend au septième art son rôle cathartique, en éliminant, sous les coups de feu de Frank et Roxy, tous ces personnages détestables qu'aucun spectateur ne regrettera.

Note : ★★★★★★★☆☆☆ 7/10
God Bless America (2012)
Ecrit & Réalisé par : Bob Goldthwait
Produit par : Jason Stewart et Jim Goldthwait
Avec : Joel Murray, Tara Lynne Barr, Melinda Page Hamilton
Photographié par : Bradley Stonesifer
Monté par : Jason Stewart
Budget : une misère
France : en cours d'exploitation


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