16/09/2012

Once Upon A Time in Mexico (2003) - Le pistolero manque sa cible ! ★★★☆☆☆☆☆☆☆ 3/10

Avec Once Upon a Time in Mexico, ultime volet de la saga sur le musicien à l’étui à guitare explosif, Robert Rodriguez signe un film tout en fausses notes et ce, pour notre plus grand regret.

Hanté par la perte de celle qu’il aimait, Carolina, le Mariachi s'est retiré pour mener une existence solitaire. Il vit désormais loin du monde, avec sa guitare comme seule compagne. Un jour, Sands, un agent corrompu de la CIA, le sort de sa retraite et lui demande d'empêcher l'assassinat du Président du Mexique. Barillo, un baron de la drogue, ambitionne en effet de renverser ce dernier. Le hasard fait bien les choses : celui qui a meurtri l'existence tourmentée du Mariachi, le général Marquez, est impliqué dans ce plan visant à tuer le Président Mexicain. Animé d'un grand désir de vengeance, il va, avec ses deux comparses Lorenzo et Fideo, raviver sa flamboyante légende...


Au lieu de se focaliser sur le personnage d’Antonio Banderas et son bagou qui avait fait le succès de Desperado, Robert Rodriguez se perd dans une intrigue politique confuse.

Onze années ont passé depuis que Rodriguez déboula à Hollywood avec sa cassette d’El Mariachi sous le bras et s’établit comme une des figures de proue du cinéma indépendant fun des années 90, aux côtés de son ami Quentin Tarantino. En 2003, Rodriguez peut laisser pleinement cours à son imagination. Les succès de ses films bon marché mais surtout la réussite spectaculaire au box-office de sa trilogie familiale sur des enfants espions, Spy Kids, qui rapporta plus de 460 millions de dollars pour une mise de 110 millions, lui permettent de jouir d’une marge de manœuvre incroyable pour un réalisateur indépendant. Il agrandit ainsi ses Troublemakers Studios (littéralement « Les Studios des Fauteurs de Troubles ») et entame la préparation de l’ultime volet de sa trilogie de l’homme à la guitare qui écornera l’image du Mariachi.

Le film démarre pourtant bien. A l’instar du précédent opus, le long métrage commence par une histoire romancée et exagérée à propos du celui qu’on appelle désormais « El ». Ce prologue à tout pour nous ravir : la mise en scène cartoonesque du réalisateur est présente, le second dégré fait son retour, un nouveau pan de la mythologie du Mariachi est dévoilé et Rodriguez soigne son image. Celui qui narre la légende s’adresse à un Johnny Depp dont le double jeu du personnage est présenté avec humour dès cette scène d’ouverture. Son personnage, qui bénéficie d’une personnalité plus fouillée que ceux qui l’entourent, deviendra d’ailleurs le véritable protagoniste de ce nouvel épisode. Même le Mariachi est relégué au second plan. Pourtant c’est ce dernier qui avait ravi les fans du premier film. Sans passé clairement défini et sans véritable identité, il est le nouvel « Homme Sans Nom » qu’incarnait Clint Eastwood dans la « Trilogie du Dollar » de Sergio Leone (de Pour une Poignée de Dollars au Bon, La Brute et le Truand). Seulement, ce héros a désormais pour terre le désert mexicain. Cette référence au maitre du western italien, qui signa également le classique Il Etait Une fois Dans l’Ouest et l’envoûtant Il Etait Une Fois en Amérique, est poussée à son paroxysme par Rodriguez qui choisit d’intituler son film : Il Etait Une fois Au Mexique, sur les conseils de son ami Tarantino. Comment comprendre alors une telle relégation du personnage à l’arrière-plan ?

Rodriguez avait toujours réussi à nous proposer un bon cinéma de genre, sans jamais basculer dans les séries Z qu’il aimait voir étant adolescent. Mais ici, on n’a l’impression de visionner un mauvais direct-to-dvd.

Au lieu de se focaliser sur le personnage d’Antonio Banderas et son bagou qui avait fait le succès de Desperado, Robert Rodriguez se perd dans une intrigue politique confuse. Sous ses airs de divertissement, Once Upon A Time In Mexico évoque des thèmes intéressants comme le droit de non-ingérence, dénonçant les actions douteuses d’une CIA, dans une atmosphère de coup d’Etat, se référant au passé (et présent) agité de l’Amérique Latine. Tout cela est fait sans lourdeur car il est peu probable que Rodriguez ait voulu signer, avec cet ultime volet de la saga du Mariachi, un film politique. Pourtant le réalisateur d’Une Nuit en Enfer, a toujours voulu présenter un visage différent des mexicains aux conservateurs américains paranoïaques. Il le fait parfois avec humour, en tournant en ridicule les trafics au niveau du mur-frontière séparant le Mexique et les Etats-Unis et ses partisans dans Machete. Cet autre visage, il le façonne en créant des figures héroïques pour un public hispano-américain souvent oublié par Hollywood ; public qui commence lui-même à croire qu’il est le peuple que les médias amalgament avec les piètres représentants de cette population qui dominent la rubrique des faits divers à grand coups de violence.

Les mexicains pâtissent de l'image brutale que les narco-traficants véhiculent dans l'opinion publique américaine! Alors pourquoi Rodriguez ne dépeint pas les cartels de la drogue présents dans le film avec autant de sauvagerie qu’Oliver Stone dans Savages, sortie récemment? Ce n’est pas une question de censure vu que le film est classé Restricted sur le sol américain (les mineurs de 17 ans et moins doivent être accompagnés d’un adulte). Au lieu de ça, le réalisateur nous propose un panel de personnages sans profondeur. Le personnage de Wilhem Dafoe est digne d'un chef mafieux de série Z quand il ne se mue pas en momie de pacotille. Et c’est ça le problème ! Rodriguez avait toujours réussi à nous proposer un bon cinéma de genre, sans jamais basculer dans les séries Z qu’il aimait voir étant adolescent. Mais ici, on n’a l’impression de visionner un mauvais direct-to-dvd.

Once Upon a Time in Mexico, la fin de Rodriguez ? Non, heureusement pour nous ! Planet Terror est dans les cartons et Sin City en route vers nos cinémas avec lesquels Rodriguez saura nous séduire à nouveau.

Certes Robert Rodriguez dut surmonter certains obstacles qui ont peut-être dénaturé son film. En effet, Salma Hayek ne put occuper une place aussi importante que dans l’opus précédent, accaparée par la réalisation de son Frida et de sa participation à Bandidas. Rodriguez dut reléguer son personnage au rang des fantômes venant tourmenter notre vigilante mexicain. De plus, une grève des acteurs était sur le point d’exploser à Hollywood et Rodriguez devait lancer le projet rapidement. Mais le réalisateur a toujours su travailler dans l’urgence, résolvant ses problèmes à grands coups d’inventivité. Et les défauts du film ne sont sûrement pas à imputer entièrement à ces embûches qui rythment la vie de bon nombre de productions et qui ne peuvent servir d’excuses vis-à-vis d’un public qui n’a pas à en pâtir.

L’inventivité visuelle de Rodriguez ne se manifeste que par intermittence : l’image chaude, qui était une de ses signatures, est majoritairement remplacée par les couleurs fades et laides de son numérique, caractéristiques des nanars de l’ère post-celluiloïde. C'est ce dont souffrira également Machete. Once Upon a Time in Mexico, la fin de Rodriguez ? Non, heureusement pour nous ! Planet Terror est dans les cartons et Sin City en route vers nos cinémas, avec lesquels Rodriguez saura nous séduire à nouveau.

Note : ★★★☆☆☆☆☆☆☆ 3/10

"Bande annonce "Once Upon a Time in Mexico"

Once Upon a Time in Mexico (2003)
Ecrit, Produit et Réalisé par : Robert Rodriguez
Produit par : Elizabeth Avellan, Carlos Gallardo
Avec : Antonio Banderas, Johnny Depp, Eva Mendes, Wilhem Dafoe, Michey Rourke, Salma Hayek, Danny Trejo et Cheech Marin.
Directeur de la Photographie : Robert Rodriguez
Monteur : Robert Rodriguez
Durée : 1h45
Budget : 29,000,000 $
Box Office : 98,185,582 $
(USA) : 56 359 780 $
France : 452 626 entrées

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